Bonjour,
Je pense qu'il faut reprendre un peu l'historique et le raisonnement du législateur.
La route est un lieu où circulent :
- des piétons, avec l'obligation de marcher à gauche (pour voir venir les véhicules) sauf les groupes qui doivent marcher à droite. Il faut se rappeler que ça date d'une époque où de nombreuses personnes marchaient sur les routes : écoliers, colporteurs, soldats, les gens qui se rendaient au marché ou à la messe, etc. Mais quand il y a des trottoirs ils sont priés de quitter la chaussée et d'emprunter les trottoirs. Le piéton peut alors seulement traverser la chaussée, sur un passage piéton de préférence.
- des véhicules sans moteur, historiquement des carioles à cheval ou des charrettes à bras.
- des vélos, bien plus nombreux que les automobiles fin XIXe début XXe. Les automobiles ont mis du temps à se démocratiser.
- des véhicules à moteur.
Le trottoir est un lieu où circulent seulement les piétons.
A partir de là, et pour faire court, le législateur a introduit des catégories de véhicules, disant en gros que plus le véhicule est gros et puissant, plus il faut un permis compliqué à obtenir (cf différence vélomoteur/moto, voiture/camion...). Les véhicules sans permis sont les véhicules sans moteur (vélo) et ceux avec un moteur peu puissant et bridé en vitesse (voiture sans permis, vélomoteur). Il a aussi séparé les usagers : les véhicules sur la route, les piétons sur les trottoirs.
Il faut se rappeler notamment que :
- le BSR est une invention relativement récente, n'est pas un permis et ne concerne pas tout le monde (non rétroactif). Le vélomoteur reste un véhicule sans permis.
- la tolérance des vélos sur les zones piétonnes est très récente, alors que c'était pratiqué de tout temps et réclamé par de nombreuses associations depuis au moins 20 ans. A la base un vélo est un véhicule, donc devrait être sur la route, pense le législateur. Récemment, Il a été toléré mais "à l'allure du pas", expression qui fleure bon le XXe siècle et même peut-être le XIXe siècle, d'où les fameux 6 km/h.
- les patins à roulette et trottinettes existent depuis longtemps. Dans les années 80, il y a déjà eu une grosse mode des rollers (pas en ligne !), on en voyait partout. Vous croyez que le législateur leur a fait une catégorie sur mesure ? Non, les utilisateurs de ces instruments à roulettes sont assimilés à des piétons. Et le Segway, introduit il y a déjà une quinzaine d'année, il a eu sa catégorie ? Non, assimilé piéton, 6 km/h max. Cf la section "législation/France" de sa notice wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Segway_PT
- très récemment aussi, le législateur a admis qu'un vélo pouvait avoir une "assistance électrique", à condition que le cycliste pédale et que la puissance du moteur soit faible. Avec cette notion d'assistance, on fait une exception : ok ça reste un véhicule non motorisé puisque c'est seulement une assistance. Si ça dépasse les 250 W ou que ça fonctionne quand on ne pédale pas ou ou que ça ne se coupe pas à 25 km/h, on connaît la réponse : c'est un vélomoteur.
Une fois qu'on a dit tout cela, qu'est-ce qu'on voit ?
Que la roue est un véhicule à moteur, sans doute possible.
Qu'elle ne rentre dans aucune catégorie connue. Néanmoins, vu que la puissance est de plus de 250 W et que ça fonctionne même quand on ne pédale pas, la solution logique du législateur est toute trouvée : les assimiler aux vélomoteurs. Et encore, vu l'absence de protections, le freinage assez particulier etc. ça risque d'être difficile d'en faire un vélomoteur "bien comme il faut".
A partir de là, véhicule à moteur assimilé à un vélomoteur : adieu les trottoirs, zones piétonnes et pistes cyclables. Seulement les chaussées. Et bonjour le casque homologué. Et l'assurance. Et le BSR.
L'idéal serait que ça soit plutôt assimilé à un vélo, pour bénéficier du droit d'emprunter les zones piétonnes et pistes cyclables, mais le législateur hyper-sécuritaire et nos bien-pensants de la sécurité routière s'étranglent : moteur et non pas assistance ; jusqu'à 1000 W et plus, jusqu'à 30 km/h et plus : ouh, c'est un vélomoteur et pas un vélo ! Ca serait un petit miracle que le législateur accepte de considérer cela comme un vélo.
Quand à lui obtenir une catégorie spécifique : ça serait un gros miracle. C'est quand la dernière fois qu'une catégorie a été ajoutée au code de la route ? Pfiou, il y a très longtemps. Les vélos, vélomoteurs, motos, voitures etc. sont définies ainsi depuis des décennies. Même le VAE n'est qu'un rattachement à la catégorie des vélos.
Donc, franchement, les amis, avec toute la sympathie que j'ai pour les monoroues, vous risquez de rester longtemps hors la loi. Comme les rollers qui foncent et alternent entre trottoirs et chaussée ; comme les trottinettes qui alternent entre trottoir et chaussée (alors que toutes ces "roulettes" devraient être sur les trottoirs à 6 km/h, n'est-ce pas). Comme les cyclistes qui empruntent les voies piétonnes et ne sont presque jamais sous les 6 km/h (hors présence très dense de piétons). Comme les cyclistes qui roulent de front, roulent de nuit sans lumière, ou encore traversent les passages piétons sans descendre de vélo. Comme les voitures qui se garent n'importe où. Comme les motos qui ne respectent que très rarement les limitations de vitesse. Comme les VTT qui empruntent des chemins non carrossables. Etc. Sans parler des mini-motos qui se vendent comme des petits pains alors même que toute utilisation hors terrain privé est interdite : on voit bien avec cet exemple que la commercialisation et l'utilisation d'un véhicule peut échapper longtemps à toute logique légale.
J'avoue : j'empruntais la "Rue de la Ré" à vélo (artère piétonne bien connue de Lyon) à l'époque où la possibilité que ça soit légal restait une lointaine utopie. J'étais dans l'illégalité alors, comme je serais dans l'illégalité demain si je me mets à la monoroue.
Le code de la route est une sorte de fiction utopiste où tout le monde devrait rentrer dans des petites cases et respecter l'ensemble des prescriptions qui s'appliquent à sa case. Et, comme il y a encore des milliers de morts sur la route chaque année, le législateur et ses amis de la sécurité routière en déduisent que ce n'est jamais assez sécurisé, alors ils ne lâchent surtout rien, au contraire ils rajoutent des contraintes : et le gilet fluo obligatoire pour les vélos, et le casque obligatoire pour les enfants à vélo, etc. De quand datent les dernières concessions, libéralités du législateur ? Le vélo accepté sur les zones piétonnes (mais à 6 km/h) et le VAE assimilé au vélo (mais avec les limites que l'on connaît). Deux libéralités pour combien d'autres reculs et contraintes supplémentaires ? Pour la prochaine libéralité, allumer des cierges et prier, et attendre longtemps.
Donc, bon courage pour essayer de faire bouger les choses. Ca aboutira peut-être dans 5 ou 10 ans ? Quand il y a aura un million de roues en circulation en France et autant de contrevenants ? Cet ordre de grandeur me paraît réaliste et même optimiste !