Ah, débuter en roue est souvent quelque peu déroutant. On peut en effet se dire qu'on y arrivera jamais. Ce qui m'est immédiatement venu à l'esprit quand j'ai tenté de chevaucher l'engin pour la première fois a été quelque peu différent : c'était plutôt une pensée du genre "mais qu'est-ce qui m'a pris d'aller acheter ce truc là ?", et j'en ris encore aujourd'hui. Bien sûr la question d'arriver à monter dessus un jour se fait de plus en plus insistante. Et en particulier quand on a dépensé une somme non négligeable pour acquérir la roue convoitée. Finalement c'est plutôt cela qui motive le plus, ne pas avoir acheté cet appareil pour rien, sans parler de ce que les proches pourraient penser d'un renoncement soudain à une lubie qui ne l'est pas moins. Mais le fait est que lorsque je me suis retrouvé pour la première fois dans la montée de mon garage face à la difficulté de poser mes deux pieds en même temps sur la roue, même en m'appuyant à quelque chose, j'ai pris la mesure du chemin qu'il me restait à parcourir avant d'aller oser m'exhiber avec elle sur la voie publique! Et là reviennent en tête toutes les vidéos de randos en roue, de tutos, de spots promotionnels des distributeurs de gyroroues vues et revues sur le net, qui m'avaient forgé l'idée que monter sur la roue ne serait qu'une formalité…
Et pourtant… Tout le monde peut y arriver. Mais il faut bien sûr de la motivation et du temps pour que l'organisme assimile les contraintes que sous-tend la pratique de la roue. Beaucoup parlent du cerveau qui apprend, au gré des essais plus ou moins fructueux, mais surtout après lors des phases de repos. C'est indéniable. Mais j'y ajouterais que le corps doit se préparer aussi physiquement à cette nouvelle activité. Certains muscles sont activement sollicités. D'abord au niveau des pieds et des jambes, mais pas seulement. Un simple virage bien exécuté nécessite une rotation de la tête puis des épaules, du buste, des hanches, des genoux et enfin des chevilles. De haut en bas. Cela sollicite bien plus de muscles que ce que l'on pourrait croire de prime abord. Lors de l'apprentissage, les réflexes primaires les plus instinctifs (par exemple celui qui nous retient de nous pencher en avant de peur de tomber…) altèrent le fonctionnement musculaire du wheeler. Il en résulte crispations, douleurs, et… une transpiration excessive! J'ai gardé intact le souvenir de la séance où je tentais de monter pour la première fois sur ma S2 sans appui. C'était un jour de décembre. Je me souviens avoir interrompu cette séance, après peut-être un quart d'heure d'essais globalement infructueux. Je commençais à grelotter. Je suis rentré à la maison, mon tee-shirt était complètement trempé, avec des taches blanches… Plus trempé je crois que si j'avais pris une douche avec! Des sueurs froides pour de vrai! Ma physiologie ne pousse pourtant pas particulièrement à la transpiration. Ça n'est plus jamais arrivé depuis en roue, et ça ne m'était jamais arrivé à un tel point de toute mon existence. Les douleurs musculaires, la peur de se faire mal ou de tomber ou d'abîmer sa roue toute neuve sont autant de facteurs inhibants.
Les progrès en roue viennent doucement. En général, si on compare objectivement ce que l'on arrive à faire avec ce que l'on faisait lors de la séance d'apprentissage précédente, des progrès sont au rendez-vous. Parfois minimes mais toutefois existants. Il faut insister, mais sans s'acharner. Savoir laisser le temps au temps.
Évidemment, il y a ceux qui parviennent à avancer, tourner, monter sans appui en 5 minutes. Apparemment oui ça existe… Et c'est à cause d'eux que tous les autres se désespèrent de ne pas y arriver dans le même temps! (là j'exagère je sais… ) D'autres mettront une demi-journée, une semaine ou plusieurs pour faire la même chose…
Mais tous y arriveront.
Et toi aussi @shinmo. Continue, tu es sur la bonne voie, et avec une bonne roue!