Bonjour à tous et toutes,
J’ai tenu à garder une trace de ma progression dans l’apprentissage de la gyroroue, comme certains et certaines d’entre vous l’ont fait dans ce forum. J’envie ceux qui peuvent affirmer avoir pu chevaucher l’engin, avancer, tourner en moins de 15 minutes, ou même une heure comme l’indiquent pas mal de témoignages.
Je ne suis pas de ceux-là, hélas, mais les témoignages de ceux pour qui l’apprentissage a été difficile m’ont été un véritable encouragement à persévérer.
Ma progression, partie de zéro est bien lente, mais je commence à faire des kilomètres. Il faut dire que j’ai débuté seul. La mobilité et la statique de ma femme ne lui permettaient pas de me venir en aide pour me soutenir au tout début, quant à ma fille de 9 ans, si son épaule a pu m’aider à me tenir quelques minutes, elle y a définitivement renoncé après que je m’y sois cramponné trop fort! Inexpérimenté en glisse, même si j’ai bien dû avoir un flocon de l’ESF en classe de neige voici quasiment 40 ans, je n’ai jamais tenté non plus les rollers.
Voici donc, un peu en bloc les deux premières semaines de mon itinéraire d’apprenti wheeler obstiné.
Jour 0 Fin novembre. Pourquoi zéro? Parce que dans la maison, après déballage. Je suis simplement monté un pied sur une pédale, puis le deuxième pied, dans mon séjour, en me cramponnant à la table… Légers mouvements avant/arrière pour appréhender les réactions du système asservi. On verra la suite dehors, quand je disposerai de tout l'équipement de protection nécessaire. Pour le moment, j'emballe au mieux ma roue pour éviter de l'abîmer. Chutes de balatum, bandes de calfeutrage, scotch orange. Ma S2 ne ressemble plus à rien. Tant pis puisque c'est pour son bien.
1er jour samedi 3 décembre. Je dois malheureusement me débrouiller seul. Je débute sur le bitume légèrement montant de l'entrée de mon garage. L'avantage est que j'ai un muret à coté, indispensable pour le moment pour pouvoir monter mes deux pieds sur la roue. J'ai bien conscience que la pente ne va pas m'aider, quel que soit le sens dans lequel j'irai, mais je pense prendre moins de risque à la gravir qu'à la descendre. En m'agrippant au mur (je me doute que ce n'est pas la meilleure idée…) je monte la pente sur quelques mètres et la redescend en marche arrière. Difficile de dire que je prenne de l'assurance car j'ai du faire au mieux ce jour-là pas plus de 2 mètres consécutifs sans maintien dans un moment de fugace équilibre. Un point que je ne maîtrise pas encore : la descente de la roue quand je n'ai rien pour me tenir. Ma technique est de sauter de la roue des deux pieds et me pencher pour la rattraper. Un peu ridicule, mais je tenterai de faire mieux plus tard. Toujours est-il que j'ai parcouru pas loin de deux kilomètres ce premier jour à faire des avant/arrières sur au plus quelques mètres. Quand je vois des tutos déposés par des gens à la base aussi inexpérimentés que moi et qui ont réussi à trouver leur équilibre pour rouler correctement avec, et tout ça en bien moins d'une heure, je me dis que j'ai vraiment un problème…
2eme jour dimanche 4 décembre. Toujours des allers retours à coté du muret mais avec des distances en équilibre plus importantes sur 4 à 5m. En restant au même point fixe du muret, je fais faire à la roue des avant-arrières de plus grande amplitude. Je décide enfin de me lancer dans la montée du garage, loin du muret sans soutien. 1m puis 2 puis davantage. La roue tombe parfois, mais la plupart du temps j'arrive à la rattraper au vol. Les avant-arrière, tels ceux d'un personnage oscillant dans un baby-foot me donnent de l'élan pour démarrer, car je sens bien qu'il faut atteindre une certaine vitesse pour que l'effet gyroscopique de la roue procure un semblant de stabilité… Ce qui se produit au moins pour quelques mètres avant éjection de la roue et rattrapage acrobatique de celle-ci avant qu'elle ne tombe au sol. Mais parfois, dans les éphémères instants de stabilité cette sensation de voler par dessus le bitume est enivrante. Je sais alors que c'est cela que je cherche. Je constate qu'il est bien difficile de maintenir la vitesse (quant au cap n'en parlons pas!), sans doute est-ce dû aussi à la légère pente de l'entrée du garage, j'ai beau me raidir sur les pointes des orteils, cela renvoie mon corps en arrière et me fait stopper. Incliner tout le corps comme pour tomber sans courber le buste vers l'avant crée une situation de déséquilibre peu naturelle vraiment flippante.
J'arrive tant bien que mal à monter la quinzaine de mètres du garage. Je décide alors d'aller rouler dans une large impasse de la zone industrielle. Il y a des grillages et des poteaux pour s'accrocher au démarrage. J'ai bien vu les tutos pour démarrer sans se tenir, mais je n'y arrive pas. À la fin de la journée, j'ai tenu sur ma roue tout au plus quelques 80m d'affilée, et mon trajet n'avait rien de la ligne droite. Le choix de la Ninebot One S2 pour débuter n'est peut être pas top : sa forme arrondie en haut ne permet pas un serrage des mollets. Je n'ai pas de pads, Je vais essayer de mettre de la mousse, ce sera moche, mais après tout, visuellement, je ne suis plus à ça près! Du coup la roue se dandine tant qu'elle peut, je tente de corriger le cap, mon pied me donne alors la désagréable impression de s'enfoncer dans la pédale, qui provoque un virage très serré où la pédale flirte avec le sol. Je compense dans l'autre sens : même chose, difficile d'aller droit. Serrer la roue avec les chevilles m'esquinte les malléoles, mais là-dessus aussi, j'étais prévenu.
Aujourd'hui, même bien protégée, ma roue a bien morflé. Je n'ai pas compté le nombre de fois où les bips de crash se sont déclenchés, ni les "soleils" qu'elle a pu faire… Je vais commander le top de plongée que beaucoup de weelers avisés mettent sur leur roue, ça protègera toujours un peu mieux. Le bricolage que j'avais fait avec le balatum n'a pas tenu les chocs. Et il faut que je me trouve des protège-malléoles. La palette de la roue est venue me lécher la malléole intérieure du pied droit. Je déguste…
3ème jour mercredi 7 décembre. C'est parti pour la zone industrielle. En auto bien sûr… Pour bien commencer, bis repetita, le cale-pied de la roue m'esquinte à nouveau la malléole. Pile-poil au même endroit, juste histoire de se rappeler à mon bon souvenir et de me rouvrir la plaie en voie de cicatrisation. Je parviens à faire un aller-retour de 100m et de nombreuses pertes de contrôle de roue… J'essaie de m'exercer à monter sur la roue sans appui. Au mieux je parviens à rester en équilibre à l'arrêt pendant une bonne seconde. Je sais que je dois m'incliner vers l'avant, mais je n'y arrive pas. Il me reste une solution : l'éjection en catastrophe. Je suis vraiment surpris de voir que les plus beaux gadins de ma roue se font quasiment à l'arrêt quand celle-ci bascule en décrivant de petits cercles, quand le système qui n'a pas encore détecté la position couchée actionne la roue à fond, avec les sauts et soleils multiples de la roue que produit le contact soudain du pneu lancé à pleine vitesse sur l'asphalte.
Mauvaise journée. J'ai plutôt l'impression de stagner.
10 décembre. J'ai reçu le top souris. Pas facile à mettre en place, mais à deux on y arrive. J'emballe le tout avec du film plastique, histoire de ne pas mettre en lambeaux la protection toute neuve. J'ai acheté aussi des protège-malléoles, un accessoire devenu pour moi absolument indispensable. Pas de roue aujourd'hui, pas le temps, mais je suis prêt pour demain.
4ème jour dimanche 11 décembre. Le début est calamiteux. je ne sais même plus comment monter sur la roue en m'accrochant à un poteau. J'ai bien mis une minute pour remonter dessus. En ce début d'après-midi, l'impasse ou je me suis retranché dans la zone industrielle est encore mouillée, alors qu'il n'a pourtant pas plu depuis la nuit. Je fais néanmoins des allers-retours d'au moins 100m la plupart du temps. Les mousses que j'ai insérées sous le top souris me donnent un meilleur contrôle de la roue, mais j'aurais sûrement dû les placer en haut de la roue plutôt que juste au dessus des cale-pieds. La confiance s'installe un peu, mais toujours pas moyen de monter sur la roue sans point d'appui. En fait, je ferais bien plus de 100m mais ma piste de décollage sécurisée n'est pas bien longue… Je parviens un peu mieux à contrôler la roue pour m'arrêter bien que le dessous de la pédale vienne frotter à chaque fois le bitume. L'arrêt n'est quand même pas au point : mauvaise synchronisation entre freinage et mise du pied à terre, tant et si bien que mon pied dérape sur le goudron mouillé et je finis sur le c** avec une chute en arrière. Plus de peur que de mal heureusement. Merci quand même gants coudières et protèges-poignets. Je comprends que mon erreur a été d'avoir décéléré trop rapidement, et que lorsque j'ai mis le pied au sol, mon corps était toujours en position incliné en arrière du fait du freinage. La chute en arrière était donc inéluctable. Consolation : j'ai pu faire un aller-retour sans poser le pied au sol, mais même avec une dizaine de mètres de largeur, je n'ai pas pu réitérer l'exploit du demi-tour. Ce sera pour plus tard.
5ème jour samedi 17 décembre. Sur l’asphalte devant la maison, step in enfin réussi. Je finis par y arriver à peu près 1 fois sur 3. Je n’aurai jamais transpiré autant qu’à essayer de monter sur cette roue. Mais cela m’ouvre le chemin vers la voie verte. Environ 8km dans un brouillard dense et froid. Je découvre les sensations que procurent le fait de rouler de façon prolongée. Les bonnes comme les mauvaises, telles qu’une douleur sous le pied droit. Je n’avais pas encore ressenti ça jusqu’à présent. C’est sûrement dû à une crispation excessive ainsi qu’au mauvais placement de mon pied lors de la montée. Bien difficile de réajuster la position du pied après coup. Je remarque la sensation bizarre d’avoir le corps légèrement tourné vers la gauche pour aller droit : de ce fait, ma main droite se trouve plus en avant que la gauche. J’ignore pourquoi. cela se produit même quand mes pieds sont bien au même niveau sur les cale-pieds.
6ème jour dimanche 18 décembre. Retour dans la tranquille impasse dans la zone industrielle dans un froid encore plus glacial et un brouillard encore plus tenace. Cette fois je parviens à tourner. À gauche ou à droite, cela ne me semble pas plus facile d’une côté que de l’autre, contrairement à ce que j’avais lu. Je parviens pas tourner dans un cercle plus petit que 5 ou 6 mètres, mais je peux enchaîner les longueurs. La montée sur la roue n’est pas encore acquise, et j’y arrive toujours pas mieux qu’une fois sur 3, mais au moins je n’ai plus besoin de me tenir au démarrage. Pour la première fois, j’ai entendu un court bip m’intimant l’ordre de ralentir, n’ai toujours pas ressenti ce qu’est le tilt back. À vrai dire je n’ai pas trop envie d’aller le titiller.