Comme le disait lundi @volavoile : "Il y a deux types de wheeler.... ceux qui se sont cassé la gueule.... et ceux qui vont le faire!".
2:30 plus tôt je venais de passer du côté obscur de la Force, à savoir la première catégorie... sans, au final, de dégâts importants (merci à ceux qui auraient eu une seconde d'inquiétude).
Arrivé à Privas en avance avec le car, l'idée aussi sotte que grenue m'a pris de profiter du peu de traffic matinal (avant 8h et un lundi en période de vacances) pour aller faire un petit tour dans les rues piétonnes du centre ville et notamment la place de la mairie. Grande surface très peu encombrée, beau dallage et... petite rigole en forme de V aplati la traversant d'un bout à l'autre dans laquelle, mauvaise lumière matinale probalement et manque d'attention totalement, la roue est venue buter, provoqant un ralentissement que je qualifierais de...brutal. J'étais déjà passé au même endroit la semaine dernière mais dans l'autre sens et en fin de journée sans aucun problème : je l'avais vu et donc anticipé.
Du coup, tout comme lorsque j'avais testé (sans succès et donc sans suites) il y a 3 ans le kitesurf, j'ai à cet instant précis confirmé de belles et grandes dispositions pour le vol plané de face à l'horizontal avec départ lancé et, dans le cas de la monoroue, atterrissage plus qu'aléatoire. Malheureusement, ma pratique de l'aïkido remonte à trop longtemps pour que j'aie eu le réflexe de chuter correctement genre ninja.
Tous ceux qui un jour se sont croûtés, quelles que soient les circonstances, les conditions ou la pratique, connaissent cette sensation bizarre autant qu'étrange d'une fraction de seconde pendant laquelle, avant qu'elle ne se produise, on sait que la gamelle est juste inévitable... après, on se ramasse comme on peut et surtout si on peut (certains sur le forum, largement plus malchanceux que moi, en témoignent).
A la fois dégoûté, un peu secoué, quelque peu endolori quand même mais non sans avoir rassuré les rares témoins (merci pour mon amour propre...) de mon exploit, tel un courageux cavalier qui surgit hors de la nuit, je suit reparti courir au galop vers l'aventure en partant du bon viel adage que quand on tombe de cheval faut remonter dessus le plus vite possible. Pour être tout à fait honnête, le but était aussi et surtout de disparaître de la scène de crime au plus vite...
Bien qu'équipé d'un bon nombre de protections (casque, coudes, poignets) hormis les genouillères, d'où quelques cm2 de peau manquante sur le côté du genou droit, le choc fut assez violent pour laisser apparaître dans les heures qui suivirent disons quelques difficultés à utiliser pleinement mon bras gauche au niveau du coude (bien entendu je suis gaucher...). Rien de bloquant mais quand même extension complète impossible et pliage du coude seulement à moitié. Côté douleur rien si ce n'est en mobilisant le coude au niveau des blocages.
Le soir même, par sécurité, petite visite chez mon médecin traitant qui devant l'inflammation du coude se contente de me faire une ordonnance pour une radio "si ça va pas mieux dans 48h" (sic). Pour info (#pasdassurance...) je lui ai dit que j'avais loupé une marche chez moi (je sais ça vaut c'que ça vaut, mais bon).
Après rendez-vous pris hier à l'Hôpital de Privas pour la première heure ce matin, je m'y suis rendu ("... remonter sur le bourin...", etc...) bien entendu en roue. On est joueur ou on l'est pas.
Rapidement : attente, inscription, attente, attente, attente, radio, attente... puis "Monsieur ? C'est bon tenez votre radio, n'oubliez pas de remettre la fiche de liaison à l'accueil"... dont acte.
Sauf qu'au moment où j'allais sortir un gars me rattrape, me demande de le suivre et m'annonce calmement que finalement c'est pas si bon que ça, qu'il y a une fracture et qu'il faut que je le suive aux urgences pour montrer ma radio au médecin de garde.
L'espace d'un instant je me suis dit que ça pourrait être amusant de retourner au boulot sur ma roue avec un bras dans le plâtre, un peu comme la fin de mon petit tour dans Vals-les-Bains dimanche après-midi sous l'orage et avec un parapluie... mais c'est une autre histoire.
Le médecin des urgences, après examen de la radio, m'a expliqué (je vous fais grâce du fort et néanmoins sympathique accent slave) que "fracture cupule radiale là , pas grave, rien à faire, pas de plâtre, pas d'attelle, tout ok dans 15 jours 3 semaines et si douleur : paracétamol... vous avez paracétamol ?"...
Le temps qu'il procède, un petit attroupement s'était formé dans le couloir où certains, intrigués par mon engin électrico-cyclo-mobile, écoutaient d'une oreille attentive mes explications du pourquoi du comment de la chose... à tel point que l'une d'entre eux, la plus intéressée du groupe, a annoncé au moment de mon départ qu'elle m'accompagnait dehors sur le parking des urgences pour voir comment fonctionnait l'engin... entraînant du coup avec elles les 6 autres personnes présentes dont le médecin.
Après avoir été chaudement félicité pour le port des équipements de protections (dont les fameuses genouillères ressorties du sac dès ce matin, joueur mais pas trop quand même), c'est sous les regards bienveillants et les sourires amicaux du groupe (et cramponné à un poteau qui traînait par là pour le départ afin de ne pas avoir à tester de suite la qualité de leurs soins...) que je suis reparti au boulot avant de disparaître au loin dans la chaleur du matin...
Coupez ! C'est bon, c'est dans la boîte ! Merci à toute l'équipe, bonne soirée à tous.
Finalement, un "happy end" de temps en temps ça fait pas de mal...