Tout en haut des pavés populaires de la rue de Savies, qui grimpent sur la colline de Belleville, on débouche alors sur la rue des Cascades où se trouve un bien étrange bâtiment :
C'est le Regard de Saint-Martin (situé au numéro 42). L'un des trois de cette rue des cascades sur le fronton duquel on pourrait lire cette inscription (si l'on savait lire de latin, bien sûr! ) :
"FONTAINE qui d’ordinaire distribuait de l’eau aux religieux de Saint-Martin (des-Champs), de Cluny et aux Templiers voisins. Après un défaut d’entretien et, pour ainsi dire, un dédain de trente ans, sa source et ses ruisselets, recherchés avez zèle aux frais communs, ont été retrouvés. Alors remise à neuf par notre seule détermination et notre ardeur à une tâche aussi difficile, et rendue plus belle et élégante qu’à l’origine, elle a recommencé de couler en l’an du Seigneur 1633, en reprenant sa fonction à notre honneur comme pour notre plus grand profit. De la même façon, les travaux et leurs dépenses, supportées en commun et à parts égales, ont été renouvelés, comme dessus dit, en l’an du Seigneur 1722."
La révolte des riverains devant la gabegie des puissants se ressent encore aujourd'hui : Au 42 ter de cette même rue des cascades se trouve un lieu libertaire dédié à Louise Michel et fondé par un anarchiste espagnol ; au 44 fut tourné une scène de Casque d'Or (Jacques Beker) avec Simone Signoret et Serge Reggiani et...si vous avez de la chance...une habitante du quartier vous indiquera un graffiti gravé sur ces lieux qui parle de lui-même :
Il est authentique comme semble le prouver les taches brunâtres d'un vieil anti-graffiti. Alors peut-être que ce qui coule de cette fontaine sous les pavés de la rue de Savies (et que la Mairie de Paris tente de canaliser hors des regards de tous ) ce n'est pas seulement de l'eau mais l'âme des Parisiens :
Et quoi de mieux pour illustrer cette petite balade à Belleville que de mettre ici la musique pour un film, mise en notes par Yann Tiersen (qui fut habitant de ces lieux), et qui ont tous deux pour titre :
Quelle belle ballade!