La vraie question de ce genre de sujets est le sentiment d'appartenance, plus qu'une obligation théorique. Savoir si le salut durera ou s'éteindra, s'il doit ou pas être ouvert aux autres EDPM se ramène à un ressenti tout bête : Vous sentez-vous "en communauté" vis à vis du wheeler moyen, du trotteur moyen ? Si oui, les chances sont bonnes pour ce soit vrai des autres et que le salut perdure. Dans le cas inverse, l'usure et la paresse ayant tendance à fléchir les comportements sur le moyen-long terme, le salut disparaîtra sans doute.
Notez que ce n'est pas forcément un mal en soi, hein ? La disparition du salut et du côté "communauté pionnière" du truc peut aussi accompagner une démocratisation et un "dégadgetisation", pour le faire éclore du statut de jouet pour riche ou retraité/moyen de transport dangereux et mal appréhendé par la populace, un peu en sursis au niveau de la loi et des normes constructeurs, vers un moyen de transport largement partagé, normé, compris par la plèbe et plus sûr. Certains pourraient certainement trouver que le jeu en vaut la chandelle même si le côté "commu de passionnés" en souffre un peu. Si 8% de la population d'une ville comme Paris se déplaçait en wheel, il est à peu près certain que plus personne ne se dirait bonjour, si on est réaliste. Et tout aussi certain que plus aucun constructeur ne se laisserait aller à sortir des roues avec de gros problèmes de sécurité, parce que la concurrence les saignerait instantanément.
Dans les années 20/30, les motos étaient un truc de pionniers, souvent fortunés, qui prenaient des risques et casquaient de la thune par passion. Il est hors de doute qu'ils avaient des contacts plus chaleureux que les motards d'aujourd'hui quand ils se croisaient. Mais c'est à mettre en rapport avec le fait que leurs moteurs explosaient quand ils foiraient leur mix d'essence, que chacun se faisait ses équipements de protection un peu comme il sentait, qu'il fallait de larges compétences de mécano pour oser monter sur une bécane, et que ça coûtait un bras. L'opportunité de rouler sur une kawa d'occase pour 2000 balles sans se dire qu'on va mourir parce que les freins ont été bricolés par un amateur... par quelque bout qu'on le prenne, ça ne vaut pas rien non plus. Concrètement par exemple, ça veut dire que j'ai pu être motard sans porter un nom à particule ou devoir faire partie d'un club, et que j'ai pu me planter 2 fois fort sans rien me casser.
Est-ce-que le sentiment d'appartenance communautaire d'une poignée valait que je n'aie jamais accès au plaisir du 2 roues, ou que j'y laisse mes jambes et mes omoplates ? C'est une question qui se pose à chacun. Tout ce que je voulais dire, c'est qu'il s'agit de vases communicants : ce qu'on trouve en élitisme, on l'a pas en standardisation, et vice-versa.